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Personnel navigant : des risques parfois méconnus

Le transport aérien est de plus en plus à la mode : gain de temps et parfois d’argent par rapport à d’autres transports comme le train, attrait des voyages, développement parfois inconsidéré du tourisme. Qu’en est-il des conditions de travail du personnel navigant ?
Nous ne nous intéresserons pas ici au risque accidentel bien connu et d’une probabilité tout compte fait assez faible mais aux maladies professionnelles dont on parle beaucoup moins. Une récente étude du NIOSH(1) mentionne notamment un excès de risque concernant l’SLA.
Principaux points
Le personnel navigant est soumis à des contraintes particulières : travail décalé la nuit, décalages horaires pouvant impacter les rythmes biologiques, contraintes physiques (postures, travail debout) mais aussi exposition aux rayonnements cosmiques.
Une étude du NIOSH parue en 2015 a montré un excès de risque pour les femmes enceintes avec un risque accru de fausse couche.
Par ailleurs, les différents bilans de l’IRSN(2) montrent une réelle exposition aux rayonnements cosmiques, 85 % des personnels navigants contrôlés ayant reçu une dose supérieure à 1 mSv qui est la dose à ne pas dépasser pour une femme enceinte. Quand on sait qu’en France, la plupart des compagnies aériennes n’ont pas répondu à leur obligation en matière de suivi dosimétrique, on peut s’interroger.
La dernière étude du NIOSH parue en 2016 fait état d’un excès de risques de décès par SLA (Sclérose Latérale Amyotrophique encore appelée maladie de Charcot). Selon l’étude, on trouve une probabilité double de celle de la population totale. Il faut bien sûr prendre ces chiffres avec précaution dans la mesure où le nombre de décès recensés est assez faible (9). Il serait toutefois intéressant d’effectuer les comparaisons avec les personnes atteintes de cette maladie indépendamment des cas de décès.

Conclusion
Il est clair que l’avion entraîne des risques non négligeables notamment auprès des femmes enceintes. Ces risques dépendent évidemment des durées cumulées de vol. L’augmentation des durées de vol des personnels dans un but de rentabilisation et de baisse des coûts pour le consommateur ne peut donc que laisser perplexe. Il importe donc déjà dans un premier temps de prendre en compte de manière rigoureuse les grossesses. Une généralisation des campagnes dosimétriques est également à mettre en place.

Pour aller plus loin
Vous pouvez consulter les deux études du NIOSH en suivant les liens :

http://www.cdc.gov/niosh/updates/upd-1-8-15.html

http://www.cdc.gov/niosh/research-rounds/resroundsv2n1.html#d

Vous pouvez consulter le dernier bilan de l’IRSN concernant l’exposition des travailleurs aux rayonnements ionisants en France.

Date document : 28/07/2016


(1) NIOSH : National Institute for Occupational Safety and Health

(2) IRSN : Institut de Radioprotection et Sûreté Nucléaire