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Stress au travail

L’agence européenne de santé au travail vient de publier les résultats d’un sondage sur le stress au travail : 8 travailleurs sur 10 pensent que le nombre de personnes souffrant de stress professionnel augmentera (80 %) au cours des cinq prochaines années et pas moins de 52 % s’attendent à une «hausse importante, preuve que le stress est de plus en plus une préoccupation majeure des travailleurs. Comment peut-on agir ?

Ces résultats font écho aux conclusions de l’enquête ESENER de EU-OSHA sur les risques nouveaux et émergents sur le lieu de travail, qui a montré que 79 % des dirigeants estiment que le stress constitue un problème au sein de leur entreprise, de sorte que le stress lié au travail est devenu une préoccupation aussi importante que les accidents professionnels pour les entreprises.

Cette enquête a été réalisée dans 36 pays européens entre le 24 Octobre 2011 et le 17 janvier 2012. (35540 personnes ont été interviewées)

Les résultats obtenus en France sont similaires aux résultats globaux obtenus en Europe.

Comme nous l’avions déjà signalé dans un article précédent, Le stress est l’un des problèmes de santé le plus répandu dans le monde du travail, il touche 22 % (1) des travailleurs de l’Europe des 27. Les études indiquent que le stress est à l’origine de 50 à 60 % de l’absentéisme. Cela représente des coûts énormes, tant en termes de souffrance humaine qu’en raison de la réduction des performances économiques.(2)

Cette enquête montre que la perception du stress autant que le stress lui-même devient une préoccupation majeure dans le monde du travail. Les crises économiques et financières, le chômage, les mutations sociétales, la sur médiatisation sont autant d’éléments de nature à augmenter la perception du stress voire même à le provoquer.
Il importe donc de traiter ce problème avec rigueur et sans délai.

Rappel de la problématique des risques psycho-sociaux
Si les risques psycho sociaux incluent des problèmes tels que harcèlement moral ou sexuel au travail ainsi que les différents problèmes d’agression verbales ou parfois physiques, le problème le plus communément évoqué est celui du stress au travail. Rappelons la définition généralement admise du stress : Déséquilibre entre la perception qu’à un individu de son environnement et la perception qu’il a de ses moyens d’y faire face.
Cette définition montre que le stress dépend bien évidemment de l’individu. Il n’y a par ailleurs pas de bon et mauvais stress mais le stress aigu ou ponctuel qui n’est pas anormal et le stress chronique qui correspond à des situations anormales et peut amener l’individu à l’épuisement ou à des problèmes de santé graves.
Si le stress chronique est connu de longue date, l’évolution de la société et des conditions de travail ont rendu ce risque émergent. Il est difficile d’estimer les conséquences financières du stress (arrêts de travail notamment) dans la mesure où le stress et ses symptômes ne figurent pas à ce jour dans les tableaux de maladies professionnelles. Mais des estimations européennes démontrent que l’absentéisme lié au stress est considérable dans les pays de l’UE et que le coût est en conséquence (En 2002, Le coût économique annuel du stress au travail dans l’Europe des 15 a été estimé à 20 milliards d’euros.)
N’oublions pas qu’en France, les maladies directement liées au stress au travail ne figurent dans aucun tableau de maladie professionnelle. Il est donc difficile d’obtenir des statistiques. Par ailleurs une bonne partie des coûts est supportée par la sécurité sociale et non pas les entreprises comme dans les cas d’accident du travail ou de maladie professionnelles.

Sur le plan de la réglementation
Certes, l’accord européen du 8 Octobre 2004 sur le stress au travail rend obligatoire l’évaluation du stress au travail dans les entreprises. Certes, sur le plan français, l’arrêté du 23 avril 2009 rend obligatoire les dispositions de l’accord national interprofessionnel sur le stress au travail du 2 juillet 2008 et un certain nombre d’arrêtés sont sortis.
Mais de toutes façons, le stress au travail étant un risque professionnel, il suffisait de se référer à la directive cadre 89/391/CE stipulant que l’employeur doit évaluer TOUS les risques pour prendre des mesures.

La bonne démarche
Tout d’abord, parlons de la mauvaise démarche qui consiste, sans évaluation correcte préalable, de se débarrasser du problème par des mesures du type « formation à la gestion du stress », intervention d’un psychiatre.
Il est évident que ces mesures n’ont pas d’intérêt lorsque le stress provient d’un problème d’organisation. La bonne démarche consiste comme de coutume à s’appuyer sur un document unique solide et établi dans les règles de l’art. Ce document permettra de mettre en lumière dans certaines parties d’une entreprise, des problèmes de stress au travail. Une étude approfondie pourra alors se mettre en place avec la mise en place de moyens correspondant aux causes.
Les actions préventives pourront alors consister en réorganisations diverses, changements de comportements, mise en place de formation (éventuellement à la gestion du stress) voire intervention ou embauche de psychologue ou psychiatre.

Pour aller plus loin
Vous pouvez nous demander des renseignements sur la mise en place ou la mise à jour du document unique http://www.bertrandmerlin.com/index.php/contact/
Vous pouvez consulter les dernières informations sur le stress au travail dans l’Union européenne en suivant le lien http://osha.europa.eu/fr/topics/stress/index_html

Date document : 19/04/2012


(1) Chiffres relatifs à l’année 2005
(2) Source Agence européenne de santé au travail http://osha.europa.eu/fr